Biographie de l’architecte
(1926-2014)
Architecte, diplômé de l’École des Beaux-Arts en 1952 au sein de l’atelier Gromort – Arretche, Gérard Thurnauer reçoit le prix du meilleur diplôme, avec un projet collectif1 aux côtés de Pierre Riboulet (1928-2003) et Jean-Louis Véret (1927-2001), intitulé : « Nouvelle université de Fès (Maroc) ». En 1958, il fonde avec eux l’Atelier de Montrouge, communément appelé ATM ; s’ajoutera Jean Renaudie (1925-81), avec qui ils travailleront chez ATIC, atelier créé sous l’égide de Jean Prouvé. Ils font partie de cette génération d’architectes qui ont eu la volonté du travail pluridisciplinaire, avec une vision articulant différentes échelles du projet, allant de l’objet au territoire.
Ces quatre architectes ont été les acteurs et les témoins des Trente Glorieuses, militants d’une architecture respectueuse et consciente de son environnement et des besoins sociaux. Repensant la modernité sur de nouvelles bases, ils se sont autant intéressés au logement à ses différentes échelles et aux équipements qu’a l’aménagement du territoire et aux villes nouvelles2.
Influencé par les projets de Le Corbusier, proche des travaux du Team X, contemporain a l’AUA, l’Atelier de Montrouge réalise des bâtiments aux accents brutalistes, questionnant l’habitat évolutif et la préfabrication.
Parmi leurs réalisations les plus connues, on retrouve la Petite Bibliothèque ronde à Clamart (1962-1966) [MH] ; les logements EDF (1963-1976) [ISMH] ; la crèche départementale de Montrouge (1959-1964) ; le service interrégional de traitement de l’information EDF à Orléans-La-Source (1966-1969) [MH] ; ou encore le village de vacances du Merlier à Cap Camarat (1958-1965). Gérard Thurnauer est, également avec l’atelier de Montrouge, le concepteur du Val-de-Reuil, « la plus volontariste de toutes les villes nouvelles »3. Néanmoins, beaucoup de leurs projets architecturaux ou urbains restent partiellement ou non réalisés.
De toutes les villes nouvelles françaises mises en œuvre au tournant des années soixante-dix, le Vaudreuil est certainement celle qui a connu le destin le plus modeste. Car la réalité de cette ville, aujourd’hui dénommée Val-de-Reuil et comportant quelque 13 500 habitants, est bien éloignée des objectifs qu’avaient définis ses concepteurs4.
ATM reçoit en 1965 le prix du Cercle d’études architecturales. À partir de 1968 et à la suite de départ de Jean Renaudie, l’atelier est renommé « ATM2 ». Dissous à partir de 1978, il sera officiellement fermé plus tard en 1981. Cette même année ATM reçoit le Grand Prix de l’Architecture au nom du collectif, fait rare dans la profession. Après plus de vingt ans d’une période de travail collectif ATM va marquer la carrière de chacun de ces membres, cette période de travail collectif laisse place à des pratiques plus individuelles ou avec de nouvelles associations.
Dans la seconde partie de sa carrière, Gérard Thurnauer va, seul ou en association, continuer à construire des programmes type logements sociaux et équipements publics. En parallèle, il aura la charge du plan directeur de la rénovation du secteur de la Goutte-d’Or, au Nord de Paris de 1984 à 1999. C’est également dans le nord de la capitale que l’on retrouve l’une de ces œuvres les plus importantes, avec le programme de « La Villette nord », aux abords de la Cité de Sciences, programme qui compote des logements, bureaux, commerces, hôtels, parkings, mais également des aménagements publics et une place. La partie logement étant le sujet de l’opération présenté dans ce dossier.
Travaillant notamment sur des opérations de grandes ampleurs, urbaines ou architecturales, il réalise de nombreuses opérations dans Paris et en région Île-de-France (Cergy-Pontoise, Bois Colombe, Courbevoie, Clichy, Saint-Denis, Gennevilliers). Il va également travailler dans les Dom-tom et à l’international, a l’image de son travail sur le Plan d’urbanisme du secteur Beauséjour à Sainte-Marie-de-la-Réunion, ou entre 1987 et 1988 sur le schéma d’aménagement de la baie de Tarhazoute au nord d’Agadir, au Maroc.
En parallèle de cela, il est membre de nombreuses commissions, jurys de concours et instances. On le retrouve notamment en 1982 dans le concours international de la « Tête Défense », il sera également membre du Conseil du Développement Culturel ou du Centre National des Arts plastiques, ou encore vice-président de l’association 75021, à l’origine du manifeste sur le Grand Paris. Architectes auteur engagé, il publie des articles dans différentes revues, ou il milite pour la place de l’architecture dans la cité, son rôle social, formateur et ses relations avec le monde de la culture.
Militant sans relâche pour la place de l’architecture dans la cité et son rôle social ses relations avec la formation et la culture, Gérard Thurnauer a siégé dans de nombreuses instances nationales. Soucieux des rapports entre l’art et l’architecture5.
1 C’est le premier diplôme collectif à recevoir un prix.
2 Blain, Catherine (2008). L’atelier de Montrouge la modernité à l’œuvre (1958-198). 336p. Actes Sud.
3 Chatin, Catherine et Doublet, Maurice (1975). Neuf villes nouvelles : une expérience française d’urbanisme. Collection « Aspects de l’urbanisme », Dunod : Paris.
4 Blain, Catherine (2003). « L’Atelier de Montrouge et le Vaudreuil », Ethnologie française, vol. 33, no. 1, pp. 41-50.
5 ibid, p. 244.