Biographie de l’architecte

(1907-2002)

Né en 1907 à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie, Maurice Novarina a reçu d’abord une formation d’ingénieur à l’École spéciale des travaux publics de Paris (1930), puis d’architecte à l’École nationale supérieure des beaux-arts dont il sort diplômé en 1932. Cette double formation explique son intérêt pour les problèmes de construction comme en témoignent plusieurs de ses œuvres. Son nom reste attaché aux expériences de l’art sacré dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale. Membre de l’Académie d’architecture, il fut élu en 1979 à l’Institut au fauteuil d’Albert Laprade.

Maurice Novarina a commencé sa carrière comme architecte d’églises savoyardes marquées par l’esthétique régionaliste : Notre-Dame du Léman à Vongy (1933-1935) et Notre-Dame des Alpes au Fayet-Saint-Gervais (1935-1937).

À l’initiative de l’abbé Jean Devemy, curé de la paroisse, il reçoit la commande de la construction d’une église sur le plateau d’Assy. Les travaux de ce célèbre édifice commencés en 1937 s’achèvent en 1946. Le bâtiment est inspiré de l’architecture rurale régionale avec son toit en bâtière, un imposant portique protecteur et l’emploi du bois et du granit. Il s’apparente aussi à l’architecture romane avec ses arcs en plein cintre et sa forte muralité. Dotée d’un important programme décoratif, l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce d’Assy, consacrée le 4 août 1950, est une sorte de manifeste des liens entre l’Église et les artistes contemporains, parmi lesquels figuraient Germaine Richier, Georges Rouault, Fernand Léger, Jean Lurçat, Bonnard, Matisse, Braque, Chagall.

Pour l’église du Sacré-Cœur à Audincourt dans le Doubs, Maurice Novarina conçoit un sobre édifice de pierre et béton précédé d’un porche avec auvent (1951). La mosaïque de la façade et les vitraux du baptistère sont dus à Jean Bazaine. Fernand Léger a, quant à lui, créé une série de vitraux sur le thème des instruments de la Passion du Christ.

Assy et Audincourt appartiennent à ce moment dans l’histoire de l’architecture religieuse du XXe siècle en France où l’architecture tend à s’effacer pour se mettre au service des arts plastiques et du décor. L’édifice dans sa forme et sa structure vise à souligner l’œuvre des plasticiens. C’est la période où l’Église fait appel aux grands noms de l’art contemporain. Le père Couturier, qui fut l’un des principaux instigateurs de ce mouvement, résume ce grand dessein dans la revue L’Art sacré en 1950 : « Pour garder en vie l’art chrétien, il faut à chaque génération faire appel aux maîtres de l’art vivant. »

Après la construction de ces édifices majeurs, Maurice Novarina a oscillé dans son architecture religieuse entre le néo-régionalisme rustique et le fonctionnel discret, la simplicité et l’expérimentation structurale. Parmi ses nombreuses réalisations, on peut citer Saint-André à Ézy-sur-Eure (1957) ornée de vitraux de Raoul Ubac, l’église du Château dans le quartier de Lyon-la-Duchère (1963), Saint-Michel à Évreux (1963) et Notre-Dame de Béligny à Villefranche-sur-Saône (1962). Pour l’église Notre-Dame à Villeparisis (1964), de plan ovale, Maurice Novarina, associé à l’ingénieur Bernard Lafaille, a recours à une structure dite en selle de cheval. Ce système audacieux repose paradoxalement sur des murs de moellons dont les ouvertures sont occupées par des vitraux de Jean Bazaine.

Dans sa région natale, Maurice Novarina a construit plusieurs édifices cultuels. Parmi les plus importants, on peut mentionner l’église du Sacré-Cœur à Annecy – Cran-Gevrier (1964) et Notre-Dame-de-la-Paix au Pas-de-l’Échelle en Haute-Savoie (1966). Quant à Sainte-Bernadette, érigée dans un parc en bordure du lac d’Annecy (1969), elle est souvent considérée comme une des œuvres les plus réussies de l’architecte grâce à son intégration au site, au traitement du porche et au système d’éclairage du sanctuaire.

L’œuvre de Maurice Novarina ne se réduit pas à la construction d’églises et de chapelles, même si elle en constitue la part la plus importante grâce à laquelle il appartient à l’histoire de l’art du XXe siècle. Pour la buvette de la source Cachat à Évian (1957), l’architecte s’associe à Jean Prouvé et construit une structure métallique légère et élégante faite de béquilles dissymétriques. L’hôtel de ville de Grenoble (1965-1967) est constitué d’un socle vitré surmonté d’une tour dont le mur-rideau fut dessiné par Jean Prouvé. Maurice Novarina a également construit le village olympique de Grenoble (1967), des hôpitaux, en particulier à Lagny, Thonon-les-Bains et Draveil, et des immeubles à Paris.

— Claude MASSU

POUR CITER L’ARTICLE

Claude MASSU, « NOVARINA MAURICE – (1907-2002) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 avril 2023. URL : http://www.universalis-edu.com.accesdistant.sorbonne-universite.fr/encyclopedie/maurice-novarina/